Ma première nuit (Eric)





Photo(c) Louis-Ferdinand Goffin) de G à D: Annie, Jean, Chloé (marraine de l'équipe), Eric et Jérôme

Parti dans l'équipe A, après la joie profonde de sentir monter cette émotion bouleversante ( j'en avais les larmes aux yeux et poils dressés sur les bras!) au moment du prologue du Champ de Mars au stade du parc des Princes.
La réalité commence à venir et l'appréhension avec.
Equipe A, des allures très rapide (pour moi), des parcours de nuit et cette petite phrase angoissante : "Eric, le président du running club serre des mains, participe à des inaugurations mais pas à de telles épreuves".
François: 1er coureur des A.Wow allure hallucinante. Les concurrents sont des avions.
2ème Hugues: parcours dur aussi avec 3 grosses montées chacun 16-17 km.
Vient Aymeric: le Prince. Il ne court pas. Il effleure le sol. Moyenne de 15-16km.
Je suis le suivant. Il est 3h30, lueurs des phares. encouragements des coureurs balayant de leur frêles pinceaux lumineux de leur frontale la campagne et la route. la boule monte au ventre.. Je suis le suivant, je tente de me reposer sur la banquette arrière. Ricou c'est 22.2km de nuit.
Aymeric arrive. Superbe course pour lui. On nous appelle, je me chauffe, gants, pas gants. coupe-vent. pas coupe-vent. D'un coup, j'ai dit stop. Stop au "psychotage", pas de question. Just run.
Et d' un coup, un sentiment de liberté, de puissance, de joie à en pleurer. On part la nuit. les premières rues , puis rien, les champs, la campagne. Les avions de chasse partent. les avions de transport restent, et un petit groupe se forme. j'échange mon prénom avec Carole. On a la même allure. Derrière 2 autres coureurs ferment la course. Et encore derrière, la voiture ballet. 
Nicolas et julien rejoignent la conversations. Le plaisir de sentir une belle allure. Belles foulées. On a soif. les voitures nous ravitaillent en eau, on boit à la même gourde, le pacte de l'amitié était scellé. Des larmes de joie montaient, on rigolait. Mes foulées s'allongeaient et je prenais confiance: on était rapide à 4:50 min/km soit 12.5km/h.
Les paysages défilaient, époustouflants! La campagne française se réveille. Ces clochers, ces champs, ces fumerolles de brouillards dans les champs par moment, des impressions du peintre Corot avec ses bords de rivière bucoliques. Le ciel bleu s'éclaircissant.
Le rose apparait. la route se déroule, pas trop dur en dénivelé. Et nous courons à 4. Solidaires. On rigole comme jamais. Je pars en tête avec Julien même allure, même plaisir de parler. et les rythmes se confirment. 4:50. Je tiens. ma foulée se maintient. Je perds le groupe. Mes foulées sont longues, plus que 2 kms. GPS perdu donc montre hésitante sur la distance restante. Francois se rapproche me donne la distance: plus que 1.5km. Je n'ai pas ralenti et je veux maintenir l'allure. Les derniers virages, un motard gendarme, et les coqs chantent dans les champs. 
J'arrive. Une haie d'honneur. J'étais fier, fier de l'avoir fait, de ne pas avoir flanché, d'avoir tenté mon maximum pour être digne de l'équipe A. Je repars pour terminer la course avec les autres. A 4, en se tenant la main. On se l'était promis, photo à l'arrivée.
Fier de cette joie sincère et chaude au cœur. C'est donc cela la  course du cœur.

Texte: Eric.


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